jeudi 27 mars 2014

09. Les projets dans les cartons

René BORG a toujours eu de nombreux projets en tête. Certains se sont concrétisés, d'autres non. C'est le lot de tout artiste. Il n'a jamais cessé ni d'écrire, ni de dessiner. Le projet le plus abouti dans ses cartons était Les Pompoliens, sorte de parodie de notre société, dans la même veine que Les Shadoks. Il en avait dessiné les personnages, écrit plus d'une centaine d'épisodes, il ne lui manquait qu'un producteur... qu'il n'aura jamais trouvé !

En 1985, le réalisateur accompli est élu au Conseil d'Administration du Festival International du Film d'Animation d'Annecy, où il restera jusqu'en 1993. Au cours de ces années, il est membre du jury de plusieurs festival : celui d'Animation d'Antibes, celui de « L'image au cinéma » de Châlons-sur-Saône, et celui de la bande dessinée d'Angoulême.

En 1989, Dorothée lui propose un poste de conseiller auprès de la Direction de TF1 pour le Département Jeunesse dont elle est responsable, pour les coproductions de dessins animés et les achats à l'étranger.

De nombreux jeunes producteurs lui ont proposés des projets, mais bien souvent ils avaient arnaqués un dessinateur ou un scénariste, afin d'en tirer le maximum de profit. René cherchait à travailler avec des gens honnêtes et sérieux. Il avait la force d'esprit nécessaire pour refuser tout projet qui ne respectait pas ses principes. Il s'est toujours fixé une ligne de conduite et il s'y tenait. Intransigeant sur la qualité de son travail, il en demandait autant de ses collègues.

A suivre : L’âme du dessin animé

mercredi 26 mars 2014

08. Les voyages de Clémentine

Toujours en 1984, René BORG se voit confier par Jacqueline JOUBERT, alors directrice des programmes jeunesse d’Antenne 2 (aujourd’hui France 2), la réalisation de la série Clémentine (26 x 26 minutes, diffusée sur A2 en 1985, puis 13 x 26 minutes en 1987), pour la société IDDH, de Bruno-René HUCHEZ. C’était alors la première fois qu’une série si longue était animée en France et Jacqueline avait entièrement confiance en René pour mener ce projet à terme.



Mais au fil des épisodes, René trouve que les scénarii écrits par Gilles TAURAND et Olivier MASSART manquent de logique. René éprouve un infini respect pour les enfants et pense qu’on peut tout leur raconter, du moment qu’il y a une logique. A l’inverse, un manque de cohérence dans une histoire est synonyme de tromperie envers le téléspectateur et le réalisateur ne peut s’y résoudre. Les deux scénaristes ne veulent pas revoir leur copie, ils demandent même à René de corriger lui-même leurs scripts, alors que ce n’est pas son métier. Son rôle est de mettre en scène les personnages créés par la jeune Pascale MOREAUX qu’a choisi le producteur Bruno-René HUCHEZ. Ce dernier n’ayant rien à redire sur le travail des scénaristes, le réalisateur démissionne lors de la production du 8ème épisode. Il garde néanmoins un œil sur la réalisation qu’il confie à un de ses assistants, Jean CUBAUD. Même si René BORG va continuer à travailler sur de nombreux projets de séries d’animation, celui-ci est le dernier qui s’est concrétisé.

Extrait vidéo :


A suivre : Les projets dans les cartons

mardi 25 mars 2014

07. Bibifoc, le sauvetage

En 1984, René BORG est choisi par Jacqueline JOUBERT, alors directrice des programmes jeunesse d’Antenne 2 (aujourd’hui France 2), pour reprendre la réalisation de la série Bibifoc (52 x 13 épisodes, diffusée sur A2 en 1985). Son concepteur, Marc TORTAROLLO, avait créé la société de production BZZ Films pour produire ce dessin animé dénonçant le massacre des bébés phoques et des animaux en général.



Malheureusement, l’équipe montée pour la réaliser était jeune et inexpérimentée, et le budget prévu allait rapidement être dépassé. La société ayant déposé le bilan, René a alors confié la série à son jeune ami producteur James WANG, à Taïwan, qui l’a terminée avec le budget restant. C’est ainsi que Bibifoc, qui devait sauver les animaux, a été sauvé par René BORG !


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A suivre : Les voyages de Clémentine

lundi 24 mars 2014

06. Il était une fois...

En 1977, quand René BORG commence à prendre en main les dessinateurs du studio DIC de Tours, il en est quatre dont il ne doit pas s'occuper : Jean BARBAUD (créateur des personnages des sept séries Il était une fois…), Philippe BOUCHET alias MANCHU (désormais célèbre illustrateur de science-fiction), Bruno BIANCHI (créateur et réalisateur entre autres de l’Inspecteur Gadget), et Jean-Yves RAIMBAUD (créateur de la série Oggy et les Cafards). Ces quatre artistes planchent alors sur les story-boards de la série Il était une fois... l'Homme (26 x 26 minutes, diffusée sur FR3 en 1978), pour le compte de Procidis.


Un jour, le directeur de cette société de production, Albert BARILLÉ, peu satisfait du travail effectué par ces jeunes artistes, contacte René pour lui demander de prendre en charge la réalisation de sa série, et ainsi remplacer Philippe LANDROT qu’il vient de renvoyer. Néanmoins, son nom n'apparaîtra au générique qu’en tant que directeur artistique, c'est Albert qui officiellement écrit et réalise. A cette époque, Jean CHALOPIN cherchait à associer DIC avec la CLT (Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion, qui avait alors de grandes ambitions quant à l’avenir de l’audiovisuel en Europe, notamment avec la télédiffusion par satellite) et l’opération nécessitait beaucoup de fonds. A contrecœur, René se retrouve donc réalisateur occulte du premier opus de la saga Il était une fois... Il en dirige l'animation au sein des studios Eiken (anciennement TCJ, d'où est sorti Oum le dauphin blanc et Tatsunoko.


Deux ans plus tard, René renouvelle l'opération avec Il était une fois... l'Espace (26 x 26 minutes, diffusée sur FR3 en 1982) et le long métrage La revanche des humanoïdes, qui conclut la série. Pour l’anecdote, le film est sorti le 26 janvier 1983, soit un mois avant la diffusion à la télévision des six derniers épisodes qu’il regroupe ! Deux fois réalisateur dans l'ombre, cela suffit ! Quand Albert BARILLÉ met en chantier la fabuleuse histoire du corps humain, pour sa nouvelle série Il était une fois... la Vie (26 x 26 minutes, diffusée sur Canal+, puis FR3 en 1987), René n’étant plus lié à la DIC, réalise le pilote de présentation, mais refuse de prendre en charge les 26 épisodes.


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A suivre : Bibifoc, le sauvetage

vendredi 21 mars 2014

05. L’odyssée franco-japonaise

En 1977, René BORG reçoit un appel d’un certain Jean CHALOPIN prétendant diriger une centaine d’animateurs dans un studio de Tours. René n’en croit pas un mot. Un tel studio en France devrait être connu des professionnels du métier. Il se rend tout de même dans la capitale de la Touraine pour constater ce qui lui semble être une gageure. Depuis quelques années, le petit studio DIC, qui a débuté en 1971 en distribuant des tracts publicitaires, s’est spécialisé dans la production de films commerciaux, pour des clients locaux et régionaux. Désormais, le marché institutionnel s’ouvre à la société tourangelle et celle-ci a besoin de sortir de l’artisanat pour se professionnaliser. Dans ce but, DIC s’installe à Paris et Jean cherche un directeur artistique et un conseiller technique. Combinant ces deux fonctions, René BORG va donc apporter son savoir-faire désormais reconnu en matière d’animation. C’est ainsi que pendant deux ans, il réalise des films pour l’ANPE et supervise toutes les productions de la DIC.


Les premières versions d'Ulysse et Nono

En 1978, Jean veut innover en produisant une grande série de 26 x 26 minutes, première coproduction entre la France et un autre pays. L’idée d’adapter l’Odyssée d’Homère germe alors et René emmène Jean autour du monde. Il lui ouvre les portes des studios d’animation, à Los Angeles, à Taïwan, au Japon. Il lui suggère d’ailleurs de se laisser pousser la barbe, afin de paraître plus vieux et ne plus passer pour le simple employé alors qu’il est le patron. Pendant les longues heures d’avion, tous deux se lancent dans l’écriture du scénario. Au studio, leurs textes manuscrits sont tapés à la machine et corrigés par Nina WOLMARK, jeune épouse de Gilbert WOLMARK, directeur financier de la société. Connaissant bien l’œuvre antique, celle-ci apporte quelques améliorations aux textes de Jean et René, parfois importantes et presque toujours validées par ce dernier. Si bien que, par honnêteté, il finit par l’inclure en tant que co-auteur. Le dessinateur crée également les premières versions des personnages, puis réalise et dirige l’animation de l’épisode pilote, au sein du studio TMS (Tokyo Movie Shinsha, un des plus anciens et célèbres studios d’animation du Japon, producteur entre autres des dessins animés Rémi, Cobra, Cat's Eyes).


Le cyclope et les moines aveugles

Alors que la production de l’épisode touche à sa fin, René, fidèle à ses convictions en matière de qualité d’animation, ne valide pas deux scènes qu’il trouve trop « saccadées » plutôt qu’« animées ». Contraints par les délais, les Japonais ne veulent pas refaire lesdites scènes et Jean ne soutient pas son réalisateur, si bien que celui-ci, une fois l’épisode terminé, quitte la DIC. Le pilote ne plaira pas à France 3 et ne sera jamais diffusé. Toute la production sera reprise à zéro, avec une autre équipe. Seuls les scénarii de certains épisodes, dont le pilote, ainsi que les designs de certains personnages, modifiés, seront repris. Ulysse gardera les traits de Jean CHALOPIN, sur une idée de René. La série Ulysse 31, diffusée sur FR3 à partir du 3 octobre 1981 deviendra le très gros succès qu’on connait...



Extrait vidéo :

Ulysse 31. Voici le pilote de 1980, jamais diffusé à la télévision et le premier générique de la série, interprété par Lionel LEROY en 1981.

A suivre : Il était une fois…

jeudi 20 mars 2014

04. Wattoo Wattoo, 100% français

Dans les années 1970, René BORG multiplie les projets professionnels, dont certains marqueront durablement les mémoires. Nous reviendrons plus en détail sur ceux-ci dans les prochains articles. En 1974, il écrit et réalise pour l’ORTF les séries Zoomerang (7 x 13 minutes) et Animages (7 x 13 minutes) de Vladimir TARTAKOVSKY et Jean-René VIVET. Le cinéaste Christian FECHNER lui confie le développement d’un long métrage d’animation basé sur le groupe musical Les Charlots et intitulé Les Charlots en chanson. Le film ne se fait pas, mais René en a tout de même conçu les personnages et écrit les scénarii. En 1975, il est membre du jury au Festival des Jeunes Auteurs de Belfort (aujourd’hui le Festival du film de Belfort), consacré aux films d’écoles et au cinéma français.


Mais la série animée qui va marquer cette période est sans aucun doute Wattoo Wattoo super bird, que René coécrit avec son ami écrivain et compositeur Hubert BALLAY. Ils commencent par écrire un pilote, sur lequel René crée les personnages, réalise et dirige l’animation. Le film est ensuite primé au MIPTV de Cannes, mais aussi sur des festivals à Karlovy Vary (République Tchèque), Milan, Londres, Téhéran et Carthage. En 1978, Jacqueline JOUBERT, fraîchement promue à la direction des programmes jeunesse d’Antenne 2 (aujourd’hui France 2) leur commande une série régulière. Celle-ci est rapidement mise en chantier, 60 épisodes sont fabriqués à Paris entre 1978 et 1979 et programmés à partir du 6 juillet 1978, dans la nouvelle émission Récré A2.


Wattoo Wattoo est une série à laquelle on s’attache très vite, grâce aux superbes compositions musicales de Hubert BALLAY, mais aussi par son côté écologique et pédagogique, avec un message clair et efficace, malgré l’absence de dialogues. Les personnages communiquent uniquement par bruitages. C’est d’ailleurs René qui interprétait les Zwas, ces habitants de la Terre peu raisonnables dont Wattoo, l’oiseau qui voit tout, devait réparer les bêtises. Néanmoins, dans les diffusions suivantes, pour rendre le message accessible aux plus jeunes, on ajoute une narratrice en voix off. Et pas n’importe laquelle, puisqu’il s’agit de Dorothée, alors présentatrice vedette de Récré A2, la star des enfants de l’époque. En 1983, le générique, jusque-là instrumental, est lui aussi remanié avec l’ajout de paroles interprétées par la chorale de Sébastien et les enfants d’Asnières.


Extrait vidéo :

  • Wattoo Wattoo, 1er épisode : « La planète Auguste », avec le générique instrumental
  • Wattoo Wattoo, episode 15 : « La musique », avec le générique chanté

A suivre : L'odyssée franco-japonaise

mercredi 19 mars 2014

03. Oum et l'Eldorado japonais

A Hollywood, René BORG découvre le monde de l’animation américaine. Il devient rapidement consultant artistique pour Disney, MGM, Paramount, Filmation, Hanna Barbera, Warner Bros, etc. Mais pour des raisons familiales graves, il doit rentrer en France, où il sera jusqu’en 1977, directeur artistique et directeur des départements audiovisuel et créatif de Mac Donald France (rien à voir avec la célèbre chaîne de restauration rapide !). En parallèle, en 1970, le producteur Yves CIAMPI (société Telcia-Films) l’engage pour coécrire (avec Vladimir TARTAKOVSKYGaston POMIER LAYRARGUES et Marc BONNET), réaliser et diriger l’animation de la série Oum le dauphin blanc. Lors du développement graphique du projet, René impose que le dauphin soit blanc, pour le différencier du célèbre Flipper. Il lui ajoute également ce petit contour bleu autour des yeux, en signe distinctif. A l’époque, le format prévu de 26 x 13 minutes est très ambitieux et le producteur impose des délais très courts impossibles à tenir pour un studio français. Or, il se trouve que Yves est marié à une célèbre actrice japonaise, Keiko KISHI. Celle-ci leur apprend que ces délais peuvent être tenus dans son pays. René a du mal à y croire. Une fois à Tokyo, il découvre avec stupéfaction l’ampleur de cet Eldorado moderne : plus de 20 000 personnes travaillent dans l’animation (contre une centaine tout au plus, en France, à cette époque), avec des délais de production très courts !




Les contacts étant pris, il est décidé qu’Oum sera fabriqué au pays du Soleil levant, au sein du studio TCJ (Tele-Cartoon Japan, qui deviendra Eiken en 1973). René obtient de son ami musicien Michel LEGRAND qu’il en interprète la très belle chanson du générique et lui confie la composition des musiques, dont la direction sera effectuée par le jeune Vladimir COSMA. La diffusion débute le mardi 30 novembre 1971, sur l’ORTF. Pour suivre la fabrication, qui s’étale jusqu’en 1972, la série est découpée en 52 épisodes de 7 minutes. Elle sera également diffusée au Japon durant l’été 1975. C’est le premier dessin animé issu d’une coopération entre la France et le Japon. Si la série rencontre un succès mitigé, ses héros vont connaître une notoriété sans précédent, grâce à un célèbre chocolat blanc. En effet, dès 1971, Nestlé choisit le dauphin blanc comme symbole commercial de sa marque Galak. Il le restera durant 34 ans, marquant ainsi plusieurs générations de petites têtes blondes…


Si blanc, si bon...

Extrait vidéo :


A suivre : Wattoo Wattoo, 100% français